Editorial

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Le Volume 4, Numéro 21, livrée du mois de décembre de la Revue de Chirurgie d’Afrique Centrale, met un accent particulier sur la pathologie traumatique. Chez l’enfant, deux travaux de l’équipe de chirurgie pédiatrique du CHU Mère Enfant Fondation Jeanne Ebori de Libreville font état des aspects épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques des fractures des deux os de l’avant-bras pour l’une, et des fractures supracondyliennes de l’extrémité inférieure de l’humérus pour l’autre.

Il en ressort que les fractures des deux os de l’avant-bras sont des lésions courantes en traumatologie pédiatrique, avec une prédominance masculine. Les circonstances de survenue sont les accidents domestiques dans la moitié des cas, le choc indirect étant le principal mécanisme. Le traitement est essentiellement orthopédique, avec des résultats satisfaisants. Les fractures supra condyliennes de l’extrémité inférieure de l’humérus de l’enfant sont quant à elles fréquentes et restent parmi les fractures de l’enfant les plus délicates à traiter. Ici, le sex ratio est de 1 et les circonstances de survenue sont encore les accidents domestiques, mais les accidents ludiques ne sont pas en reste. Le mécanisme chez tous les patients est la fracture supra-condylienne en extension. Plus du tiers sont classées stade IV de Lagrange et Rigault. Le traitement orthopédique est indiqué chez la moitié des patients, suivi de l’embrochage croisé à foyer ouvert selon le procédé de Blount. Les résultats sont satisfaisants à court et moyen termes.

Chez l’adulte, les auteurs tchadiens relatent leur expérience de la prise en charge des traumatismes balistiques à N’Djamena. A la lumière d’une étude rétrospective sur une période de 48 mois, la prévalence de cette pathologie est de 3,8%, ce qui n’est pas négligeable, et la moyenne d’âge est de 31 ans. Ce sont donc les patients jeunes qui sont les plus atteints, avec en tête les élèves et les étudiants. Les circonstances de survenue sont essentiellement les agressions et les rixes. Les lésions, à prédominance osseuse siègent surtout aux membres pelviens. Il s’agit de lésions graves, l’agent vulnérant étant de nature balistique. Cela explique que la prise en charge soit basée sur l’ostéosynthèse par fixateur externe.

Les traumatismes balistiques représentent une véritable épidémie silencieuse au Tchad. Ils sont le reflet de la vie sociale, et leur gravité demeure du fait de la libre circulation des armes à feu avec pour corollaire l’insécurité urbaine.

Professeur François ONDO N’DONG